La SAUGE, la plante qui sauve
La sauge en cuisine
Il pourrait sembler bizarre de placer la sauge au milieu des aromates et des condiments. C’en est un pourtant, et excellent, mais ce que l’on ignore le plus souvent, c’est qu’il est d’un emploi difficile.
D’abord, pour reprendre une phrase de Robert Landry, parce que « dans ce grand opéra qu’est la cuisine, la sauge représente une diva susceptible et capricieuse. Elle exige de demeurer seule ou presque en scène… ».
Ensuite, parce que son degré de cuisson a une importance extrême. Dépasse-t-on le seuil normal que la sauge, au lieu de parfumer délicatement le plat, lui confère une amertume exécrable. Cela n’empêche nullement dans le Midi d’en barder les rôtis de porc ou de veau pour les rendre plus digestes, ni certains grands chefs de la glisser dans leurs préparations. Ces derniers, toutefois, ne l’utilisent qu’en dernière minute, lui épargnant « le contact d’un grill fortement chauffé et de l’huile bouillante ».
Cela étant, la sauge présente un autre avantage qui n’est pas sans rappeler les propriétés du gingembre. Combattant cette redoutable toxine qu’est la cadavérine, elle ralentit considérablement la putréfaction des viandes et des poissons, ce qui la rend précieuse à qui ne possède pas de réfrigérateur.
Mais ce n’est pas pour cette raison que les Romains l’avaient baptisée l’ »herbe sacrée», mais bien parce que l’Antiquité lui attribuait la faculté de faciliter la conception.
Un peu d’histoire…
A l’instar des druides gaulois allant cueillir le gui, les prêtres de la Rome antique allaient la ramasser vêtus de lin blanc, après avoir procédé à une cérémonie spéciale, et ne la coupaient qu’avec des instruments desquels toute trace de fer était absente. Gardons-nous de sourire. Des recherches récentes ont démontré que les sels de fer sont incompatibles avec la sauge dont ils dénaturent les qualités !
Revenons à nos Romains.
Ils sont persuadés, écrit Jean Palaiseul, que non seulement elle protège la vie, mais encore qu’elle aide à la donner ; elle retient ce qui est conçu disent-ils, en foi de quoi ils la conseillent aux femmes enceintes et à celles qui souhaitent le devenir.
Mais quelles sont les réelles vertus santé de la sauge ?
Elle est sans conteste la reine des plantes médicinales comme la rose est celle des fleurs d’agrément. Son nom est déjà une sorte de diplôme d’efficacité puisque salvia vient du latin salvare qui signifie « sauver », « guérir » ; mais elle a aussi à son actif le plus beau palmarès de citations à l’ordre de la santé qu’on puisse imaginer.
- De nos jours, on reconnait à la sauge des vertus plus terre à terre, comme celle d’activer la circulation sanguine, ce qui la rend tout indiquée pour les femmes ayant des troubles menstruels ou traversant la délicate période de la ménopause. La présence d’œstrogènes végétaux permet de la conseiller lors de règles irrégulières et douloureuses.
- La sauge est également recommandée en cas de digestions difficiles en stimulant les estomacs paresseux et « fait passer » les repas lourds et copieux.
- C’est également un tonique général en soutenant le cœur qui redonne force et vitalité, notamment aux convalescents.
- Mais son action la plus surprenante est sans doute l’inhibition de la transpiration qui se manifeste environ 2 heures après son absorption. Cet effet reste toutefois éphémère.
Comment la consommer ?
Reste à découvrir le meilleur moyen de tirer profit de toutes les vertus de la sauge. On peut certes en accommoder des plats, avec toutes les précautions que nous avons énumérées. Mais on peut également la boire en infusion, car il ne faut pas oublier que cette plante porte également le surnom de « thé de Provence ». Certains considèrent même l’arôme de cette tisane beaucoup plus fin que le thé lui -même.
- En infusion : 1 cuillère à café de feuilles par tasse d’eau bouillante. Laisser infuser 4-5 minutes et boire 2 à 3 tasses par jour,
- En décoction : 15gr de feuilles par litre d’eau bouillante, faire bouillir 5 minutes et laisser infuser autant. Cette décoction de sauge est d’une exceptionnelle efficacité en gargarismes répétés (chauds), contre les maux de gorge et angines, en bains de bouche, elle guérit les diverses ulcérations ou inflammations de la bouche (aphtes, gencives irritées, abcès dentaire),
- Autre manière plus curieuse d’utiliser la sauge, la brûler dans son logement pour assainir l’air ambiant…
